ALLIGATOR JACKSON : Southern Barbeque (2020)

Dans sa bonne ville d’Huntington en Virginie Occidentale, Mister David Williams passe le temps en écrivant des bouquins. Il gratte aussi de la six-cordes et compose des chansons à l’occasion. Après s’être choisi un pseudonyme qui claque (Alligator Jackson) et un chouette logo (un alligator coiffé d’un Stetson et jouant de la guitare), il réunit plusieurs autres passionnés de rock sudiste (un chanteur, un autre guitariste, un bassiste et un batteur). Ce groupe alignera un nombre impressionnant de séances de répétition et enregistrera plusieurs albums dans un studio de Caroline du Nord. Il signera même avec une maison de disques du Kentucky mais… il ne se produira jamais sur scène. Aucun concert, même pas une seule fois ! Incroyable, non ? La firme allemande Juke Joint 500 Records a déniché ce trésor caché du rock sudiste et sort une compilation de titres enregistrés entre 2005 et 2009 sous la forme d’un splendide disque vinyle avec une pochette rouge-orangée ornée d’un beau dessin d’alligator. Dès les premières mesures, on se rend tout de suite compte que ces musiciens connaissaient leur affaire et étaient plutôt doués. Là, aucune ambiguïté ! Il s’agit bien de rock sudiste avec des influences évidentes du Lynyrd Skynyrd période « Nuthin’ fancy », comme le montrent les titres « Liquid courage » (avec des guitares harmonisées) et « Enjoy the ride » (et sa bonne slide) qui rappelleraient un peu « The needle and the spoon » dans la progression des accords et la rythmique. Le rock sudiste hypnotique aux relents de marécage « Swamp justice » se teinte également d’accents « skynyrdiens ». Il y a aussi d’excellents morceaux « southern boogie rock » qui font taper du pied (« Southern barneque », « Repo man », « All hell’s breaking loose »). On a également droit à un Texas shuffle (« Pull no punches »), un « southern country-rock » (« Blood on the wall » qui évoquerait légèrement la partie lente du « Green grass and high tides » des Outlaws) et à une ballade sudiste à la Charlie Daniels qui raconte l’histoire d’un mec pas fréquentable (« Alligator Jackson »). En résumé, du très bon rock sudiste joué par de vrais musiciens sudistes possédant ce feeling inimitable (ce qui s’entend dès la première note). Apparemment, le groupe n’existe plus depuis longtemps et il est vraiment dommage qu’il n’ait jamais joué sur scène. On ne peut donc que se réjouir de la sortie de ce disque et apprécier à sa juste valeur ce vestige musical issu du passé.

Olivier Aubry